L’enfance des mondes
L'enfance des mondes
Je me lève ce dimanche, j'ai passé une bonne nuit. En préparant le petit déjeuner, j'allume la radio d'un geste machinal, encore à moitié dans le coton. Les bonnes nouvelles pleuvent : incendies et crise climatique, immobilisme politique, covid, guerre en Ukraine, extrémismes variés et crimes divers ... quelle merde, j'ai envie de me remettre sous la couette !
Mes enfants débarquent dans la cuisine, ils ont faim, ils sont excités ... ils sont vivants et le font savoir. J'éteins la radio. Le calme revient dans ma tête et dans mon corps ; mais pas dans celui de mes enfants. Leurs esprits partent dans tous les sens, ils s'inventent déjà des histoires, posent des questions de tout et de rien, agitent les bras, poussent des cris ... ils sont curieux, avides de comprendre, impatients de s'affirmer et de partager leurs enthousiasmes.
En dehors des temps institutionnels, leur principale occupation consiste à traverser l'univers qui les entoure en imaginant des situations et des personnages auxquels ils donnent corps dans un jeu de rôle sans cesse renouvelé. Tout ou presque est pour eux l'occasion de s'inventer des histoires et de les jouer. C'est leur rapport au monde.
En tant qu'êtres humains, nous avons une propension à vivre dans une certaine irréalité de mondes créés par nos sens, nos besoins, nos envies, nos humeurs. Une composition où chaque instant vécu construit notre personnalité et notre relation à l'autre et à ce qui nous entoure, un monde qui n'a de réel que ce que nous en ressentons.
Le rêve a cette capacité à nous faire vivre nos émotions, les enfants ont cette capacité à rêver leurs mondes.
Julien Huré
2022